J’ai fait un rêve …

LA MAISON DE MES REVES 


Je rêve d’une maison, avec une immense véranda si lumineuse que la psychiatrie cessera de briller par son absence.

Je distingue à travers ses grandes baies vitrées sa pelouse verdoyante la rendant plus attractive, moins évitée, moins reniée mais choisie avec passion par les soignants.

Je vois soudainement davantage de psychiatres, d’infirmiers, d’aides soignants, de paramédicales se presser pour venir tremper leurs pieds au bords de la piscine cachée au fin fond du jardin fleuri améliorant ainsi les conditions de travail et le suivi des patients. 

Je rêve d’une maison ayant pour fondation une recherche active et progressiste. Elle est trop souvent délaissée en France, par manque de moyen, de cerveau, de volonté ? Je n’en sais trop rien. Ce que je sais par contre c’est qu’on en a cruellement besoin.

Dois-je rappeler que la psychiatrie est une discipline récente ?
Qu’il n’y a pas si longtemps on pratiquait la lobotomie, qu’il n’y a pas si longtemps on enfermait des personnes dans des asiles même si l’on continu à le faire maintenant dans les chambres d’isolements, à tort ou à raison là n’est pas la question. Même combat pour les traitements dont la consommation explose chez les jeunes. Ils sont parfois nécessaires, parfois juste l’expression d’une impuissance mais ils coûtent cher aux patients, certains rendus amorphes, dévorés par les effets secondaires, mangés par la molécule censée leur faire du bien.

Alors oui, je veux pour fondation, pour pilier de cette maison une recherche affamée, acharnée sur des protocoles non médicamenteux efficients, efficaces et sur de nouvelles substances avec moins d’effets indésirables. 

Je rêve aussi d’une maison dont on fait de l’information et de la prévention ses murs, ses remparts, ses fortifications. Pourquoi vouloir absolument traiter, guérir plutôt que de prévenir ? Les lobbys sont-ils encore restés cachés dans le grenier ? Les jeunes sont de plus en plus exposés, ils ont besoins d’être informés, protégés par ses murs, cette prévention qui empêche ou diminue la gravité et la durée des troubles. Il est essentiel, vital que chacun et chacune aient les connaissances et les armes pour reconnaître et réagir devant ce fléau grandissant faisant passer la maison que j’essaie de bâtir devant vous pour un vulgaire fétu de paille. 
Enfin, mon rêve le plus fou : un énorme salon, un espace de vie où le clivage entre les patients et les soignants aurait disparu. Je vois un magnifique divan d’un velours rouge où les patients auront accepter de s’y reposer et auront compris que la médecine n’est pas une science exacte et encore moins la psychiatrie.

Il est entre-guillemets plus facile d’analyser un ECG ou une échographie cardiaque que d’arriver à comprendre la complexité singulière d’un cerveau humain. 

Je regarde un siège en cuir noir froid et vide là où les psychiatres devraient être plus à l’écoute, plus soutenant, plus adaptable et surtout un siège qu’ils ne fuiraient pas lorsqu’ils ne nous comprennent pas, lorsqu’ils ne nous comprennent plus.

Un fauteuil qui pour moi devrait être l’allégorie de l’empathie. Je contemple de grands tableaux où serait totalement repeintes les formations, plus spécifiques, plus axées sur les compétences psycho-sociales. Sur le sol, je repose mes pieds dans la douceur d’un tapis où l’éducation thérapeutique se serait développée, devenue systématique.

Comment se soigner si l’on ne comprend pas les tenants et les aboutissants de notre prise en charge ? Ce tapis n’est plus ce no man’s land mais un pont entre le soignant et le soigné où l’alliance thérapeutique fait rage, où la confiance et le respect règnent.

Et pour nous protéger de la pluie et de la tempête, notre toit serait notre humanité mais ce qui me ferait pleurer, ce serait de voir psychiatre et patient, non juste 2 personnes, jouer au baby-foot ensemble. 
621 mots - envoyé par un jh de 28 ans - décembre 2025 - contact -