J’ai fait de la moto-stop en Inde (Bengalore) à 74 ans !
J’ai fait de l’auto-stop depuis ma majorité (à l’époque = 21 ans) et en 1968, j’ai sillonné l’Espagne, seule, de cette façon. Sans jamais avoir de souci car j’étais prudente et intuitivement, j’avais intégré quelques règle de bon sens :
- avoir un habillement sobre, si possible un maillot de bains une pièce sous le pantalon et un tee shirt avec au moins des manches
- garder ma carte d’identité et plus tard ma CB, dans le soutien gorge (au cas où …)
- n’avoir que peu de bagages, avec moi DANS la voiture, jamais dans le coffre
- connaitre l’itinéraire
- demander un court parcours
- mémoriser tout de suite la plaque minéralogique
En France, il m’arrive d’en faire pour de très courtes distances … cela marche mieux quand il pleut ! Pour le parcours, j’ai un tableau effaçable avec d’un côté la destination finale et de l’autre une ville sur le trajet. Je marche toujours et je m’arrête quelques minutes dans des endroits stratégiques, par exemple dans une station service et je propose de participer aux frais d’essence.
INDE (2018-2019)
Quand je suis arrivée en Inde, à Bangalore – 3° ville du pays et équivalent de la Silicon Valley (comme « mamie au pair » en aout 2018), j’ai vu que la circulation était affolante = un embouteillage permanent. J’ai trouvé sur un rapport officiel que la moyenne était de 13 km/heure !
J’ai aussi remarqué assez vite qu’il y avait beaucoup de motos qui, elles, pouvaient se faufiler plus rapidement (il parait qu’à Paris, 50% des avocats circulent aussi à moto, sans parler de Rome !!!). J’ai trouvé une société RAPIDO, qui faisait taxi uniquement avec des motos et j’y ai fait appel souvent.
Mais en fait, le déclic a été un jour que je rentrais pour mon travail vers 17h, en « TukTuk » petit taxi à 3 roues qu’on trouve partout en Asie. Même lui était bloqué et j’étais près de mon logement. Je connaissais déjà bien le trajet pour l’avoir fait plusieurs fois. Et j’avais repéré sur la gauche un tronçon qui pouvait laisser passer des deux roues. J’ai abandonné mon TukTuk en le payant largement, puis j’ai avisé un homme (sans sac à dos pour que je puisse m’accrocher à lui) et je lui ai demandé de « m’avancer un peu » vers ma résidence. J’ai ajouté : « je connais un endroit qui vous fera gagner du temps » …
Par la suite, quand je n’avais pas le temps de commander par RAPIDO, et que je connaissais bien mon trajet, j’ai souvent fait appel à ces conducteurs de moto. J’avais un casque car, dès le début de mon séjour, je me suis achetée un vélo pliant, mais je ne l’ai pas beaucoup utilisé. La ville est assez plate (sur un plateau à 900 m d’altitude qui lui donne un climat relativement tempéré pour la latitude – près de l’Equateur) mais il y a quand même quelques côtes où je peinais en pédalant.
Je leur laissais toujours mes coordonnées et je proposais de payer un thé, ce qu’on me refusait.
Cet épisode n’est pas le seul événement de ma vie d’aventures …
EN ESPAGNE, été 1968
J’étais à l’université de Nanterre, et en juin les examens n’ont pas pu voir lieu, aussi, comme j’avais un petit contrat de travail pour l’été en Espagne et que je devais commencer à travailler à la rentrée au Laboratoire de Langues de Sciences Po Paris … je n’ai pas voulu « rester à ne rien faire » et suis partie pour l’Espagne le mois de juin.
Une amie partait en voiture jusqu’à Toulouse. De là j’ai pris un train pour Barcelone. Où j’ai revu la famille qui m’avait reçue en échange avec leur fils l’année de mes 16 ans. Ils m’ont payé un billet de train de nuit jusqu’à Valence, où j’ai retrouvé une autre amie française, qui était fiancée à un espagnol. J’ai passé quelques jours chez elle, puis suis partie à Madrid, que je ne connaissais pas.
En tout, j’ai dormi 13 nuits « à la belle étoile » en 1968
Dans un parc, en plein air à Zaragoza par exemple. Ou dans des gares. J’ai trouvé des « gardes du corps » : de jeunes américains en ballade comme moi. J’avais remarqué qu’ils étaient moins insistants que les espagnols. En effet, si je disais aux Espagnols que j’étais fiancée (tengo novio) ils me répondaient qu’ils n’étaient pas jaloux ! Imparable !
Au hasard de mes pérégrinations, je me suis trouvée un soir dans un petit village où il y avait une fête et je ne savais vraiment pas où dormir. Un policier municipal m’a remarquée et m’a proposé de me loger chez lui. Il me répétait bien fort qu’il avait une épouse et que je pouvais avoir confiance. En effet, on m’a proposé un lit dans une alcôve, et j’étais tellement fatiguée que j’ai dormi presque 15 heures de suite. Ils ont été adorables et m’ont invité à manger quelque chose. Comme j’étais arrivée avec un morceau de pain rassis, ils m’ont donné un autre morceau de pain quand je suis partie. Dans cette famille très modeste, j’avais remarqué qu’ils n’avaient que quelques verres et encore tous dépareillés, mais véritablement le coeur sur la main.
MADRID sans argent !
Je suis allée au Consulat de France pour leur demander de contacter ma famille et qu’on m’envoie un peu d’argent. En attendant d’être reçue par un employé, je parle avec une jeune femme des Philippines qui demandait un visa pour la France. Apprenant que je n’avais pas d’hôtel, elle me dit « venez chez moi ce soir, voici mon adresse ».
Le soir, j’arrive chez elle. Elle est en train de se maquiller et me dit « je sors, voilà votre chambre ». Je suis estomaquée !!! elle me laissa dans son appartement, sans me connaître ! Des années plus tard, à Alicante, je ferai la même chose.
EN FRANCE, en 1970
Je vais m’installer en Espagne, et fais des aller et retour pour revoir ma famille. Un été, je reviens de la frontière espagnole, en stop. Je compte aller voir une amie (ancienne élève) qui passe son été près de Royan avec ses parents. Juste à la frontière, je suis prise par un charmant monsieur, qui avait du temps.
Finalement, nous passons quelques jours (en tout bien tout honneur) et il me conduit à Royan, puis nous continuons en plusieurs jours jusqu’à Paris. Il m’offre une robe sans rien demander en échange = cela me fait un bon souvenir.
EN 1970, on me propose de donner des cours de FLE sur le paquebot « le France » – pas du « bateau stop » mais presque !
Je travaille un an à Genève, et suis détachée à l’ONU et à l’OMS. Je loge dans un foyer de jeunes filles et en échange de quelques travaux dans ce grand appartement d’une dizaine de chambres, je ne paie que 100 francs suisse alors qu’en gagne plus de 1000 par mois. Ce qui fait que j’économise un mois de salaire en un an !
Mon directeur de l’école de langues (Tutor), m’avait mis en contact avec l’Ecole Américaine de Lugano, qui avait besoin d’un(e) professeur de FLE pour accompagner un groupe de jeunes Américains qui venaient passer un an en Europe.
En échange d’un aller en avion à New-York, d’un séjour d’une semaine, je devais donner une vingtaine d’heures de cours sur le bateau !!! les cours les mieux payés de toute ma carrière. J’étais très heureuse de cette expérience, mais je n’aurai pas supporté de rester plus de 10 jours sur une paquebot… Je n’aime pas « être enfermée ».
A PAQUES 1971, en voiture de Madrid à Paris
Avec mon premier compagnon et père de mon futur fils, nous allons au mariage de ma plus jeune soeur en Ile de France. A la sortie de Madrid, nous prenons deux jeunes américaines … Nous leur disons que nous allons à Paris (leur destination finale) mais elles préfèrent s’arrêter à Burgos. Elles auraient pu avoir un Madrid-Paris DIRECT ! Quelques jours après, je fais visiter la Tour Eiffel à mon compagnon et qui nous retrouvons ? Les deux jeunes filles !
AUX ETATS UNIS, en 1988 (à 44 ans)
J’ai passé deux mois en tout, mais dans différentes villes : New York, où j’ai dormi chez l’amie américaine d’une amie australienne de ma résidence à La Défense, puis Chicago pour participer à un congrès de femmes. De là, suis allée à San Francisco chez une de mes anciennes élèves, Laurie H (en FLE à l’université de Caen). Son compagnon est venu me chercher à l’aéroport. Elle m’a prêté sa voiture pour que j’aille voir deux militantes en dehors de la ville. Au retour, j’ai pris un jeune homme en stop et lui ai demandé de participer en payant un peu d’essence. Ce qui fait que j’ai rendu le réservoir plein ! J’ai aussi pu aller déjeuner à la cantine de la société APPLE … Une photo en témoigne.
Ensuite, j’ai voulu testé les fameux bus « GreyHound ». Voyage de nuit et je suis allée passer quelques jours chez une de ses amies à Los Angeles … sans voiture, c’est une ville trop grande pour moi. J’ai encore fait du stop pour aller sur une plage où nous avons bu un super vin mousseux dans des gobelets en plastique !
Pour remercier les conducteurs, j’ai voulu leur faire un soufflé au fromage. Ils m’ont dit que leur four était très rapide … aussi au lieu de programmer 30 à 40 minutes comme d’habitude, j’ai mis 15 mn … rien ne se passe ! Je remets 10 mn et là je vois que tout est devenu dur comme du caillou ! C’était en fait un micro-onde, que je ne connaissais pas à l’époque. Donc, je préviens les amies : ne faites surtout pas un soufflé au micro onde ! J’étais morte de honte, car la réputation de « bonne cuisinière » des Françaises a du en prendre un coup. La honte !!!
De là, je suis partie en Floride, à Miami, que j’aime beaucoup car tout est écrit en espagnol comme en anglais ! De plus le temps était super. J’ai fait un aller et retour à Washington pour une réunion : une employée de l’Ambassade de France m’avait dit que je pouvais organiser une réunion sans souci à l’Ambassade même.
Aussi le matin, j’ai appelé tous mes contacts (une douzaine) et leur ai proposé de venir l’après midi, ce qu’elles ont fait !
Là encore, je dormais chez un ami de Laurie. En arrivant, il me dit : « Venez avec moi, c’est mon jour de lessive« . Habitant dans un petit immeuble, il m’emmène au sous-sol où il y avait un lave linge et il fait sa lessive. Comme son appartement était assez petit, il n’avait pas de lave-linge chez lui et avec d’autres personnes de l’immeuble, il avait son « tour » pour faire la lessive une fois par semaine. C’est un concept que j’aimerais bien qu’on développe en France !
A Miami, j’ai passé de super moments à la plage et j’ai pu visiter (en bus) plusieurs quartiers. Je voulais aller voir une autre femme à West Palm Beach (une heure de voiture) et là encore, sans peur, j’ai fait de l’auto-stop. Un preux chevalier m’a prise en me disant « vous prenez un grand risque … c’est dangereux ce que vous faites, montez vite dans ma voiture… Pour le retour, je n’ai eu aucun problème !
SUR CLASSEE en classe Business en avion !
Pour rentrer en France, j’ai eu une belle surprise : j’avais payé un billet de charter, c’était un samedi. En arrivant bien à l’heure à l’aéroport, on me dit qu’il n’y a plus de place pour moi sur le vol ! « Revenez demain ». J’avais dépensé mes derniers dollars, et je n’avais pas de CB à l’époque. J’ai donc décidé de rester dormir à l’aéroport. Je me souviens d’avoir dormi dans le sas pour vérifier les bagages. Le lendemain, je me présente au comptoir d’enregistrement. On me dit qu’il y a une liste d’attente de 10 personnes, dont moi. Je ne m’affole pas, mais je me souviens très bien avoir utilisé mon « super pouvoir » de persuasion mentale en fixant le front de l’employé et en disant tout bas « il y a une place pour moi« .
En effet, on m’appelle et je monte dans l’avion et oh surprise : je suis « sur-classée » : on m’installe en classe de Première !!!! Large siège et champagne à volonté pendant tout le voyage, cela valait la peine de passer une nuit à l’aéroport.
2014 près d’Angoulême
Je passe un mois à Grassac, à une demie heure d’Angoulême où je vais une ou deux fois par semaine. Comme il n’y a pas de bus dans la journée, je fais à nouveau de l’auto stop et cela marche assez bien, surtout quand il pleut !! Car les gens ont pitié ! Beaucoup me disent : « je ne prends jamais d’auto stoppeurs, mais vous avez un air sympathique« .
2018 quelques semaines dans le Puy de Dôme
Ayant loué mon appartement à un charmant monsieur en instance de divorce, je passe quelques mois avec deux valises et je voyage en France. Je me retrouve dans une commune de 300 habitants, Le Brugeron, et dans un premier temps, je suis dans une petite maison sans téléphone et surtout sans internet ! Les communications par portable passent difficilement ! Aussi je vais tous les deux jours déjeuner dans le seul restaurant des alentours qui a la WIFI. C’est à 3 kms de mon lieu de résidence. Pour y aller, cela descend et c’est une bonne promenade, mais pour revenir, je tente l’auto stop et suis souvent prise. Cela me permet de rencontrer des gens sympathiques.
Et bien sur, je pratique beaucoup BlaBlaCar depuis quelques temps !
Rencontres « par hasard » de gens connus
- Richard NIXON (Orly, 64 ou 65 ???) il marche seul sans bagage dans l’aéroport, il est très grand
- John SCULLEY (Apple expo à Paris) voir la photo avec lui
- Angélique SAVANE (Sénégal) entre le Mexique et les Etats Unis
- J’aperçois Juan Carlos et le général Franco à Madrid une fois, de loin !!!
- Maitre VERGEZ dans le train en allant à Cherbourg
- Michèle MORGAN dans un TGV pour Marseille (très sympa) : nous parlons pendant une demie-heure
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