1962-63 : Pour la terminale, mes parents ont déménagé, depuis Paris, nous allons en banlieue nord, à Eaubonne. Mon père a acheté une « sorte de petit château », avec deux tourelles, dans un jardin de 3000 m2, avec 6 chambres !!! j’ai la plus grande au 2° étage.
Grande maison, jardin de 3000 m2, 6 chambres !
Certains de mes camarades de Bury appelaient « le château ». Mon père, qui est mort timide, n’aimait pas tellement sortir (il se vantait de ne jamais prendre de vacances, je le soupçonne d’avoir eu peur de s’ennuyer avec nous …) mais il aimait recevoir, et je crois qu’il était fier – à juste titre – de montrer qu’il avait réussi DANS la vie et de montrer sa belle maison. Je me souviens qu’on la faisait visiter de haut en bas à chaque fois qu’une personne venait pour la première fois :
Au rez de chaussée, une entrée par la terrasse, qui donnait à gauche sur une pièce intitulée « bureau de mon père », en face un grand séjour avec une tourelle. Une moquette en damier noir et blanc était un cauchemar pour nous les filles quand on devait passer l’aspirateur !!!. Ce séjour communiquait avec la cuisine par une autre tourelle. Depuis l’entrée aussi à droite un couloir vers la cuisine qui avait une autre entrée « de service ».
Un joli escalier tournant menait vers le premier étage, avec 3 chambres et une salle de bains. Celle de mes parents avec un espace dans une tourelle, la chambre d’amis et une plus autre chambre pour ma jeune soeur, Martine.
Un escalier plus petit menait vers le 2° étage : une chambre équivalente à celle de Martine et au dessus pour mon autre soeur, Christiane, une toute petite chambre de 9m2 environ avait été attribuée à mon frère Pierre Gérard.
J’ai eu la chance d’avoir la plus grande, qui avait une sorte de mini grenier, toujours dans cette fameuse tourelle. En fait ce dernier étage avait été transformé par les derniers propriétaires en appartement presque indépendant pour la fille du couple : ma chambre était leur séjour, la chambre était leur chambre, et celle de mon frère devait une petite pièce de couture ou autre. La salle de bains faisait en même temps cuisinette car il y avait deux feux (gaz) où je pouvais prendre mon petit déjeuner sans avoir à descendre les deux étages.
Ma chambre était incroyable !
Avec deux banquettes à angle droit, on avait installé des coussins assortis aux dessus de lit, je me souviens gris avec des ronds rouges. J’avais deux lits de 70 cm de large, car c’était un lit de 140 qui avait été coupé en deux. Dans ces fameuses banquettes, je me souviens très bien avoir commencé à amasser de la « documentation ». En effet, fan d’histoire, j’étais abonnée à une revue genre HISTORIA. De plus je découpais des articles dans des journaux (surtout Paris Match, qui à l’époque avait un contenu rédactionnel nettement plus fourni et intéressant que maintenant). J’appréciais les photos de CARTIER BRESSON et des années après, j’étais fière de pouvoir deviner cet auteur, tout comme je reconnaissais les tableaux de MODIGLIANI (Fastoche me direz-vous !). Je faisais des « dossiers » que je rangeais dans des chemises de couleurs … Cela m’a servi plus tard quand je me suis lancée dans le secrétariat.
Pour le jardin, ma mère avait prévenu mon père qu’elle ne s’en occuperait pas, ce que je comprends. En arrivant, il y avait beaucoup d’arbres fruitiers et la première année, nous avions tant de raisins que ma soeur Martine qui avait déjà la « bosse du commerce » en a vendu sur le trottoir devant la maison. Les prix fluctuaient selon l’affluence. Nous nous sommes bien amusées.
Puis mon père a décidé de se simplifier la vie et a transformé la plus grande partie en une belle pelouse. Je l’ai tondue quelquefois en maillot de bain l’été quand il faisait beau.
La terrasse
Très agréable, car de plein pied avec le séjour (mais derrière la façade) et la cuisine, il était facile de déjeuner dehors.
Cela a été aussi une super piste de danse pour les quelques « surprises parties » que j’ai organisées … En particulier, le soir du bac, avec mes camarades de Bury (25 filles pour 35 garçons environ, c’était un bon ratio pour être sures de danser !) Je me souviens d’une belle démonstration de madison tous ensemble, une photo que je devrais retrouver en témoigne.
Il y avait aussi un garage qui a servi également au moins une fois de discothèque.
Bref de belles années de banlieusarde avec une gare toute proche : Ermont halte, par la gare du Nord.
J’ai quitté cette belle maison pendant un an quand je suis partie en Ecosse et que ma soeur Christiane était en Californie, au pair, avec notre tante Marie-Simone. Elle a fait une césure (en avance) entre son bac et ses études de kinésithérapeute. Donc ne restaient avec mes parents que Martine et Pierre qui ont 4 ans de différence et ont développé une proximité que nous n’avions pas entre Christiane et moi.
Je suis retournée voir la maison de loin il y a quelques années quand j’étais en région parisienne : le garage a disparu et la moitié du jardin a été vendue pour construire une autre maison. Sinon la façade était toujours la même, bien visible depuis la rue, puisqu’il avait une grille dans le mur. Depuis, par google plan, j’ai vu que les nouveaux propriétaires avaient fait pousser des bambous pour se cacher !
En bref : de très bons souvenirs globalement. Même si la première année, j’ai pleuré de des-espoir presque tous les soirs dans mon lit ! Mon père m’avait dit une fois en colère « tant que tu n’auras pas 21 ans, tu feras ce que je te dis de faire «
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